Publié le 18 avril 2024

Contrairement à l’idée reçue, la performance en double ne repose pas sur une simple amitié, mais sur des protocoles systémiques qui transforment le binôme en une unité de performance redoutable.

  • La communication sous pression exige un langage codifié et des routines, pas de l’improvisation.
  • La gestion de crise est anticipée via des protocoles de désescalade et des matrices de décision claires.

Recommandation : Abordez votre duo non comme une relation humaine à subir, mais comme un système de performance à construire et à optimiser activement.

La navigation en double est souvent perçue comme l’alliance de deux compétences, une simple addition de forces. Pourtant, les régatiers expérimentés le savent : un duo performant n’est pas le fruit du hasard ou d’une simple bonne entente. C’est une alchimie complexe, un système où la somme des parties dépasse de loin le total. Nombreux sont les équipages qui se forment sur la base de l’amitié ou d’opportunités, pour ensuite imploser sous la pression de la fatigue, du stress et des décisions critiques à prendre en quelques secondes au milieu de l’océan. On pense souvent que la clé réside dans le partage des tâches ou une communication constante, mais ce sont des généralités qui n’arment pas un binôme pour affronter la réalité d’une course au large.

Mais si la véritable clé n’était pas l’entente, mais la méthode ? Si le succès d’un duo comme ceux de la Transat Jacques Vabre ne découlait pas d’une affinité naturelle, mais de la mise en place de protocoles rigoureux ? Cet article propose une approche de coach sportif : déconstruire l’alchimie du double pour en extraire des outils concrets. Nous allons traiter le binôme non pas comme une relation, mais comme une unité de performance. L’objectif est de vous fournir un cadre pour analyser, construire et optimiser votre propre duo, en transformant les points de friction potentiels en véritables leviers de vitesse et d’efficacité. Nous verrons comment choisir le bon partenaire sur des critères objectifs, établir un langage commun résistant à la fatigue, désamorcer les conflits avant qu’ils n’explosent et bâtir une confiance qui permet le « mode attaque » permanent.

Cet article est structuré pour vous guider pas à pas dans la construction de votre unité de performance. Le sommaire ci-dessous vous permettra de naviguer entre les piliers fondamentaux qui font la différence entre un duo qui subit la mer et un duo qui la domine.

Comment trouver le co-skipper idéal : la checklist avant de vous engager

Le choix d’un co-skipper est la première décision stratégique, et elle ne doit pas reposer sur l’affect. Il ne s’agit pas de trouver un ami pour partir en vacances, mais de recruter un partenaire pour un projet de haute performance. L’erreur commune est de privilégier l’affinité au détriment de la compatibilité opérationnelle. Un coach aborde cette étape comme un processus de sélection rigoureux, visant à évaluer non pas la personne, mais la complémentarité du futur binôme en situation de stress. Cela implique de tester des aspects très concrets qui seront déterminants une fois au large, loin de toute aide extérieure.

La synchronisation chronobiologique, par exemple, est un facteur souvent sous-estimé. Associer un « lève-tôt » et un « couche-tard » peut optimiser naturellement le système de quarts, garantissant que chaque équipier est plus alerte durant sa veille. Au-delà des compétences techniques pures, c’est cette compatibilité des rythmes de vie, des objectifs de course (performance pure ou aventure) et de la gestion financière qui forme le socle d’une collaboration saine. Une navigation test d’au moins 48 heures est non négociable. Elle sert à observer les réactions sous fatigue, la communication non verbale et la capacité de l’autre à gérer l’imprévu. C’est un investissement de temps qui prévient bien des crises futures.

La formalisation des rôles et des responsabilités avant même le départ est également un pilier. Qui est le décisionnaire final sur la stratégie météo ? Qui est responsable de la mécanique ? Établir une matrice de décision claire prévient les luttes de pouvoir en pleine action. Cette phase de sélection n’est pas une formalité, c’est la fondation de toute votre campagne de navigation en double. La négliger, c’est construire sur du sable.

Le langage du double : comment communiquer efficacement quand on est fatigué et sous pression

En mer, et particulièrement en double, la communication par défaut ne fonctionne plus. La fatigue, le bruit et le stress créent un brouillard où les non-dits, les sous-entendus et les imprécisions deviennent des sources de danger. Le principe de « bien communiquer » est une platitude ; la réalité de la performance exige de créer un langage commun, codifié et résistant à la pression. Il s’agit de développer des protocoles de communication qui permettent de transmettre une information vitale de manière rapide, non ambiguë et sans charge émotionnelle. Pensez-y comme le langage des signes entre un pilote de chasse et son porte-avions : chaque geste compte, chaque mot est pesé.

Ce langage optimisé repose sur plusieurs piliers. D’abord, la quantification de l’immatériel. Au lieu d’un « ça va ? », qui appelle une réponse sociale et souvent fausse, on utilisera une échelle : « Sur une échelle de 1 à 5, comment te sens-tu ? ». Une réponse « 2 » est une donnée exploitable qui peut déclencher une adaptation des quarts ou une pause. Ensuite, le développement d’une communication non verbale claire est crucial, notamment la nuit ou dans le vacarme du vent. Un geste de la main pour « border » ou « choquer » doit être appris et répété jusqu’à devenir un réflexe.

Deux navigateurs échangeant des signes de la main sur le pont d'un voilier de nuit

Comme le montre cette scène nocturne, la clarté d’un signal gestuel peut faire la différence entre une manœuvre réussie et une erreur coûteuse. Enfin, l’anticipation des tensions est une forme de communication préventive, comme le souligne le navigateur Francis Giniaux :

Il faut arriver à désamorcer les tensions avec de l’humour, en prenant le temps d’en parler. Finalement en bateau, il faut savoir tout anticiper : la météo, les manœuvres mais aussi les conflits !

– Francis Giniaux, Zizanies à bord – Éditions Glénat

Ce travail sur le langage du duo est un entraînement à part entière, aussi important que la préparation physique ou la maîtrise des manœuvres.

L’erreur de communication qui fait chavirer les équipages (et comment l’éviter)

L’erreur la plus fréquente et la plus destructrice en communication de bord n’est pas le cri ou l’insulte, mais le décalage entre l’intention et la perception. C’est l’écart qui se creuse lorsqu’une consigne, perçue comme une simple préférence par l’un, est en réalité une règle de sécurité non négociable pour l’autre. Ce malentendu, répété, érode la confiance et génère des frustrations qui finissent par exploser au pire moment. Le manque de contexte est souvent le coupable. Une demande peut sembler anodine ou même maniaque si sa justification profonde n’est pas partagée.

Francis Giniaux, fin connaisseur des dynamiques de bord, illustre parfaitement ce piège :

Si le skipper exige que le matériel soit rangé toujours au même endroit, il va être considéré comme un pinailleur, alors que c’est une question de sécurité. Mais encore faut-il l’expliquer.

– Francis Giniaux, Interview – Figaro Nautisme

Sans l’explication du « pourquoi » – pouvoir attraper la pince coupante dans le noir en 3 secondes en cas de démâtage – l’exigence de rangement devient une source de conflit. L’équipier se sent infantilisé, le skipper incompris. La performance du binôme repose sur la capacité à transformer chaque consigne en connaissance partagée. Le « comment » doit toujours être accompagné du « pourquoi ».

Pour éviter cet écueil, chaque membre du duo doit adopter une discipline de communication explicite. Il faut passer du sous-entendu à l’énoncé factuel, de l’interprétation à la clarification. Le tableau suivant, issu d’une analyse des dynamiques de communication en mer, met en lumière la différence entre un langage source de conflits et un langage de performance.

Passer d’une communication inefficace à un langage de performance
Situation Communication inefficace Communication efficace
État de fatigue ‘Tout va bien ?’ ‘Sur une échelle de 1 à 5, comment te sens-tu ?’
Problème technique ‘Tu as vu ce nuage ?’ (sous-entendu) ‘Le génois faseye, j’ai besoin qu’on regarde ensemble’
Désaccord tactique Discussion improvisée en pleine manœuvre Matrice de décision pré-établie

Adopter ce type de communication factuelle et quantifiée n’est pas un signe de froideur, c’est la marque d’un professionnalisme qui met la sécurité et la performance au-dessus de l’ego. C’est le passage d’un duo amateur à une véritable unité de performance.

La crise à bord : comment gérer un conflit avec son co-skipper sans tout faire exploser

En navigation double, la crise n’est pas une possibilité, c’est une certitude. La promiscuité, la fatigue accumulée et la pression de la compétition créent un cocktail explosif. Penser qu’on peut l’éviter est une utopie ; un équipage performant est celui qui a anticipé la crise et préparé son protocole de gestion. L’improvisation en pleine tempête émotionnelle mène à la rupture. Le témoignage du navigateur Francis Giniaux est éclairant sur la soudaineté et la banalité de ces tensions : « Il y a deux ans, j’ai participé comme équipier à une transat… et j’ai rencontré une tension très forte avec un autre équipier qui a dégénéré lors d’un quart de nuit. …je me suis rendu compte que des tensions survenaient fréquemment sur les bateaux, mais que c’était un problème qui n’était jamais spontanément abordé. »

Cette culture du silence est le principal danger. Le rôle du coach est de briser ce tabou et de fournir des outils pour institutionnaliser la gestion de conflit. Il ne s’agit pas de thérapie de couple, mais de mécanismes de désescalade opérationnels. Le premier outil est la reconnaissance des signes avant-coureurs : un équipier qui s’isole, des réponses monosyllabiques, une irritabilité latente. Identifier ces signaux permet d’agir avant l’explosion. Le second est de séparer l’observation des faits du jugement de la personne. Dire « J’ai observé que la voile n’a pas été rangée » est factuel. Dire « Tu es désordonné » est une attaque personnelle qui ferme toute discussion.

Pour aller plus loin, le binôme doit définir à l’avance des règles du jeu claires pour les moments de tension. C’est l’objet du plan d’action suivant, un véritable kit de survie relationnel à établir avant même de quitter le ponton.

Votre plan d’action : le protocole de désescalade à bord

  1. Établir un ‘code de pause’ : un mot convenu qui impose 10 minutes de silence pour désamorcer.
  2. Identifier les signes avant-coureurs : équipier qui s’isole, parle moins, change de comportement.
  3. Séparer observation et jugement dans la communication : décrire les faits sans accuser.
  4. Définir à l’avance qui décide quoi : établir une matrice de décision pour les choix techniques et stratégiques.
  5. Prévoir des moments de débriefing quotidiens, courts et factuels, en dehors des manœuvres et des repas.

Ce protocole n’est pas une contrainte, c’est une soupape de sécurité. Il transforme le conflit d’un risque de rupture en une information sur un dysfonctionnement à corriger dans le système du binôme.

« Je dors, tu veilles » : la confiance absolue comme fondement de la navigation en double

La navigation en double repose sur un pacte d’une simplicité redoutable : « Je dors, tu veilles ». Dans cette phrase se niche l’essence même de la discipline : la confiance absolue et déléguée. Il ne s’agit pas de la confiance passive que l’on accorde à un ami, mais d’un « capital confiance » actif, qui se construit, s’entretient et se prouve à chaque instant. C’est la capacité à s’endormir profondément, en sachant que l’autre gère le bateau, la météo, la stratégie et la sécurité avec la même rigueur que soi-même. Sans ce niveau de confiance, le sommeil n’est jamais vraiment réparateur. Le navigateur reste en alerte, le corps se repose mais l’esprit veille, et la fatigue s’accumule jusqu’à devenir un handicap majeur pour la performance.

Ce capital confiance ne se décrète pas, il se bâtit par des actions concrètes et des exercices délibérés. Comme un muscle, il se renforce par l’entraînement. Il s’agit de créer des situations où l’un est obligé de s’en remettre entièrement à l’autre. Voici quelques exercices pratiques pour cimenter cette interdépendance :

  • Navigation à l’aveugle : Un équipier à la barre, les yeux bandés, est guidé uniquement par la voix de son partenaire. Cet exercice développe l’écoute et la précision du langage.
  • Échange complet des rôles : Pendant 24 heures, le barreur devient tacticien et inversement. Cela force à comprendre et à respecter les contraintes du poste de l’autre.
  • Manœuvres de nuit en silence : Communiquer uniquement par gestes pour des manœuvres complexes renforce la lecture des intentions et l’anticipation.
  • Contrat de sommeil : Établir par écrit les conditions précises de réveil (ex: « uniquement si le vent dépasse 30 nœuds ou si un cargo est à moins de 2 milles ») pour rassurer celui qui dort.

Cette confiance permet aussi d’encaisser les coups durs, comme l’exprime Yannick Bestaven lors d’une Transat Jacques Vabre :

Avec mon ami Bilou, on a un peu d’expérience et l’habitude d’encaisser les mauvais coups. On pourrait avoir des conditions plus agréables mais bon, c’est comme ça. On va quand même vers le Brésil et il y aura des jours meilleurs.

– Yannick Bestaven, Transat Jacques Vabre 2019 – Vacation officielle

Cette philosophie, partagée, est le fruit d’une confiance qui transcende les conditions. Elle permet de rester concentré sur l’objectif à long terme sans se laisser miner par les difficultés immédiates.

Pourquoi le double est plus rapide que le solitaire : le secret du « mode attaque » permanent

Une observation intrigue souvent les néophytes : à bateau égal, un équipage en double est presque toujours plus rapide qu’un solitaire. La raison n’est pas simplement « deux bras valent mieux qu’un ». Le secret réside dans la capacité du binôme à maintenir un « mode attaque » quasi permanent. Un solitaire est contraint par sa propre physiologie : il doit réduire la voilure pour dormir, anticiper pour ne pas être surpris, et choisir des options stratégiques moins risquées car il ne peut être à la barre et à la table à cartes en même temps. Il navigue par définition en « mode gestion ».

L’avantage stratégique de la navigation en double

En double, le bateau est mené à 100% de son potentiel, 24h/24. Pendant qu’un navigateur est à la barre, concentré à 100% sur la glisse, la vague et le réglage fin, l’autre peut se consacrer entièrement à la stratégie : analyse des fichiers météo, routage, surveillance des concurrents. Cette division des tâches permet une intensité et une précision impossibles pour un homme seul. Le binôme fonctionne comme « deux solitaires » en parallèle, l’un focalisé sur le tactique immédiat, l’autre sur le stratégique à moyen terme.

Cette organisation systémique permet de pousser le bateau dans ses retranchements en permanence. Les chiffres le confirment : sur des voiliers de course modernes, la différence de vitesse est significative. Selon les données de performance, un IMOCA peut tenir des moyennes de 15 à 18 nœuds avec un équipage, là où un solitaire visera plutôt une moyenne de 10 à 15 nœuds sur la durée. Cet écart ne vient pas seulement de la force physique pour les manœuvres, mais de cette capacité à ne jamais relâcher la pression sur la machine.

Gros plan sur la coque d'un IMOCA en vol au-dessus de l'eau grâce aux foils

L’image d’un voilier moderne sur ses foils, littéralement en vol au-dessus de l’eau, est la métaphore parfaite de ce mode attaque. Atteindre et maintenir cet état de performance maximale exige une vigilance et des ajustements constants que seul un duo bien synchronisé peut fournir. Le double n’est donc pas plus « facile » que le solitaire, c’est une discipline différente, plus intense et physiquement plus exigeante, mais où la charge mentale est partagée, libérant ainsi un potentiel de vitesse supérieur.

Comment se choisit un co-skipper ? Les secrets des duos de la Transat Jacques Vabre

La Transat Jacques Vabre est le laboratoire ultime de la performance en duo. Observer la formation de ces binômes de très haut niveau offre des leçons précieuses. Loin des clichés, la tendance n’est plus à chercher son clone, mais à trouver la complémentarité optimale. Les skippers ne cherchent pas un simple équipier, mais un partenaire qui apporte une compétence ou une perspective différente et enrichissante. Un marin très instinctif et « artiste » de la glisse pourra s’associer avec un ingénieur méthodique, obsédé par l’analyse de données. C’est l’association de ces deux approches qui crée un tout plus fort.

Cette recherche de complémentarité a naturellement ouvert la voie à la formation de duos mixtes, qui ne sont plus une exception mais une force reconnue dans le milieu. La mixité apporte souvent des approches différentes en matière de gestion de projet, de prise de risque et de communication, qui, une fois fusionnées, se révèlent être un avantage concurrentiel.

La dynamique des duos mixtes dans la compétition moderne

L’histoire de la Transat Jacques Vabre a été marquée par des navigatrices de talent exceptionnel comme Isabelle Autissier, Ellen MacArthur ou Samantha Davies. L’évolution récente vers une présence accrue de duos mixtes représente une nouvelle étape dans l’optimisation de la performance. Cette dynamique ne se base pas sur des stéréotypes de genre, mais sur la reconnaissance que la diversité des expériences et des modes de pensée est un atout stratégique. En confrontant et en combinant leurs approches, ces binômes développent une résilience et une capacité d’adaptation supérieures.

Le succès croissant de cette course, qui a rassemblé un record de 95 bateaux et 190 marins lors de l’édition 2023, montre que le format du double est au cœur du nautisme de compétition. Les secrets de ces duos ne sont pas magiques : ils reposent sur une sélection rigoureuse, une définition claire des rôles et une quête permanente de la complémentarité, bien au-delà de la simple affinité personnelle.

À retenir

  • La performance en double n’est pas une question d’amitié, mais de méthodologie et de protocoles.
  • La communication efficace sous stress doit être codifiée, quantifiée et non-verbale pour éviter les malentendus.
  • La confiance est un « capital » qui se construit activement par des exercices et des règles claires, notamment pour la gestion du sommeil.

Transat Jacques Vabre : l’art de la performance en duo

La Transat Jacques Vabre est bien plus qu’une simple course ; c’est l’incarnation de l’art de la performance en duo. Traverser l’Atlantique, sur un parcours qui peut atteindre les 5 800 miles nautiques (9 334 km) pour les classes les plus rapides comme les IMOCA, exige une symbiose parfaite entre les deux marins. Chaque décision, chaque manœuvre, chaque heure de sommeil est le résultat d’un système complexe que le binôme a dû construire, tester et valider bien avant le coup de canon du départ au Havre. C’est l’épreuve reine qui met en lumière tous les principes que nous avons abordés : le choix du partenaire, les protocoles de communication, la gestion de crise et la confiance absolue.

L’évolution de la navigation en double depuis 1993

Depuis sa création en 1993 sous le nom de « Route du café », la Transat Jacques Vabre a toujours été le terrain de jeu privilégié de la navigation en double. Elle a permis de professionnaliser et de systématiser l’approche du duo en compétition. Les voiliers ont évolué, devenant plus rapides et plus exigeants, et avec eux, les méthodes de collaboration à bord se sont affinées. La course rassemble aujourd’hui différentes catégories (Imoca, Ocean Fifty, Class40), mais le défi fondamental reste le même : transformer deux individus en une seule entité, plus rapide et plus résiliente.

Observer le départ de cette flotte hétéroclite est une leçon en soi. Chaque bateau représente une hypothèse différente sur la meilleure façon de faire fonctionner un duo. Il n’y a pas une seule formule magique, mais des principes universels d’optimisation. Le succès final ne sourit pas nécessairement au bateau le plus rapide sur le papier, mais au binôme dont le « système » interne est le plus robuste, le plus résilient et le plus efficace. C’est la victoire de l’alchimie sur la simple addition des talents.

Vue aérienne du départ de la Transat Jacques Vabre avec des dizaines de voiliers dans le bassin du Havre

En définitive, la navigation en double est un miroir grossissant des dynamiques humaines et de la performance d’équipe. Les leçons tirées sur l’eau, dans ces conditions extrêmes, sont applicables bien au-delà du monde de la voile. Elles nous enseignent que toute collaboration réussie repose sur un socle de règles claires, une communication explicite et une confiance bâtie sur des preuves, et non sur des promesses.

L’étape suivante, pour tout navigateur souhaitant se lancer ou se perfectionner en double, est d’appliquer cette grille d’analyse à son propre projet. Évaluez votre binôme actuel ou futur non pas sur des sentiments, mais sur ces critères de performance systémique. Commencez dès aujourd’hui à mettre en place vos propres protocoles pour transformer votre duo en une véritable unité gagnante.

Rédigé par Julien Beaumont, Julien Beaumont est un préparateur mental et ancien psychologue du sport qui accompagne des navigateurs solitaires et des équipages depuis 15 ans. Son expertise se concentre sur la gestion du stress, la cohésion d'équipe et la résilience en conditions d'isolement.